Ce nouveau « Typo-Safari » emprunte le chemin des voyageurs qui ont – indirectement – entraîné la multiplication d’un vaste éventail de mini-architectures, souvent éphémères et parfois mobiles : des boîtes rectangulaires qui attirent l’attention par une signalétique appuyée, afin de fournir les touristes en sandwiches, rafraîchissements, souvenirs, carburant ou encore derniers titres de presse …

Ainsi, même dans un endroit assez déprimant situé à la frontière de Berlin, alors séparé en deux parties (avant la réunification), Peter Falk et Otto Sander savourent une authentique Currywurst.

Le groom du Grand Budapest Hôtel apporte les dernières nouvelles du monde grâce au petit kiosque à journaux aux façades tapissées de gros titres et de la presse du jour.

Une autre cabane en bois, plus rudimentaire dans son design, permet de rapporter un souvenir d’Hiroshima (mais quel genre de souvenir peut-on bien acheter dans cette ville ?!).

On trouve au bord d’un lac italien, une boîte striée ornée de marques qui vantent glaces et boissons disponibles à la belle saison. En attendant, elle sera le témoin d’un crime terrible un jour d’hiver.

Non loin de là, toujours dans le Nord de l’Italie, voici, habillée d’un petit pavillon moderne et chic tout en légèreté de métal et de verre, l’annexe d’une station-service au milieu de nulle-part …

Dans sa vitrine, la jolie pompiste Dorian Gray expose ses bidons d’huile comme on le ferait pour de précieux élixirs !


On trouve également un autre mini-pavillon de station-service hypermoderne dans « Die Drei von der Tankstelle » / « Le Chemin du paradis » (1930), tourné par Wilhelm Thiele, dans une version avec des acteurs allemands, et en parallèle, dans une version avec des acteurs français1.
L’enseigne « Kuckuck » de la version allemande (qu’on peut traduire par le nom d’oiseau « Coucou gris » et plus familièrement par « Les fauchés » en argot) retient ce deuxième sens dans la version française de façon explicite (« Aux trois fauchés »).
1Dans les années trente, le doublage n’est pas encore possible techniquement, d’où la nécessité de tourner dans plusieurs langues pour commercialiser le film dans différents pays.

Tandis qu’Ursula Andress sirote un cocktail sur le toit du palais des congrès à Rome, construit par Alberto Liberia en 1933… l’un des deux pavillons apparaît transformé à l’occasion de la Grande Chasse (épreuve de survie à laquelle participe l’héroïne), en snack-bar aux couleurs criardes.
Ces quelques exemples illustrent la diversité des expressions architecturales d’une même typologie, qui n’excèdent jamais les 20 m² (superficie d’un bâtiment à partir de laquelle il faut déposer un permis de construire)- des jolies petites constructions, mystérieuses comme des points d’accès à d’autres mondes.