200 décors


« De par sa nature même, le décor de cinéma encourage le faux. D’abord parce que, comme tous les arts de représentation, il donne à voir des images et non la réalité des choses. (…).

 Puis parce que, ultimement réduit à une image sans épaisseur projetée sur un écran, il se prête aisément aux manipulations, perspectives ou autres qui tromperont le regard. 

Enfin parce que le montage, qui rapproche l’un de l’autre des éléments hétérogènes, invite à regarder comme contigus dans la continuité du film des fragments d’espace éloignés dans la réalité. »

(p. 108, Jean-Pierre Berthomé, Le décor de film, Nantes, Capricci, 2023)


Cette deux-centième chronique du site ArchiKino est dédiée au travail de l’historien du cinéma Jean-Pierre BERTHOME, dont les écrits parus dans la revue « Positif » et dans ses livres sur le sujet (voir page bibliographie) ne cessent d’approfondir et de clarifier les grands enjeux du décor au cinéma.


Les images pour l’illustrer sont tirés de « Our blood will not forgive » 1964, de Seijun Suzuki, pour qui le décor n’est jamais neutre.

Dans le premier cas, un ciel irréel orange-rouge au dessus de Tokyo souligne le destin crépusculaire des personnages.

Dans une autre scène, la multiplication des portes coulissantes, composant plusieurs cadres successifs, accentue la profondeur de champ et traduit l’enfermement du héros qui souhaite changer de vie.

 

Laisser un commentaire