THE INCREDIBLE SHRINKING MAN (L’homme qui rétrécit) 1957 Jack Arnold
NECO Z ALENKY (Alice) 1985 Jan Švankmajer
THE SHUTTERED ROOM (La malédiction des Whateley) 1967 David Greene
KING KONG 1933 Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack
HEREDITY (Hérédité) 2018 Ari Aster
AMITYVILLE DOLLHOUSE 1996 Steve White
MINIATURIST (Le Miniaturiste) 2017 Guillem Morales
Si les architectes développent parfois une certaine fascination pour les maisons de poupée, c’est parce que celles-ci ressemblent un peu aux maquettes qu’ils fabriquent lors de la conception des maisons.

En tout cas, quand il existait encore de vraies maquettes d’études en carton et papier, qu’on pouvait toucher et dont on pouvait faire le tour pour comprendre les volumes, au lieu de regarder un écran. « Intersection » (1993) de Marc Rydell, remake inutile des « Choses de la vie » (1970), a au moins le mérite de montrer la fascination des architectes pour les maquettes, qui peut même leur faire oublier une languissante Lolita Davidovich au lit.
Quand le cinéma s’empare des maisons de poupée (en dehors des films destinés aux enfants) celles-ci jouent souvent un rôle pour le moins inattendu.

Dans « L’Homme qui rétrécit » Scott Carey devient minuscule, suite à un accident de radiation. Sa femme l’installe confortablement dans une maison de poupée et tout va pour le mieux, ou presque.

Les choses se compliquent quand la femme sort faire des courses, et ne réalise pas que le chat est entré dans la maison !

La maison de poupée, qui comme par hasard est exactement à la mesure du petit homme, devient d’abord un refuge avant de se révéler un piège pour le protagoniste, qui se trouve face a un monstre féroce.

Jan Svankmajer donne une version décalée et surréelle des aventures d’«Alice au pays de merveilles » d’après Lewis Carol, dans son film « Alice », qui obtient le titre de « meilleur film d’animation » au festival d’Annecy en 1989.

Alice y poursuit un lapin, tombe dans le fameux trou, change de taille et se réfugie également dans une maison de poupée. Comme le veut la convention, cette maison est un simple rectangle avec un toit à deux pentes, qui représente la forme la plus traditionnelle d’une maison.

Mais comme Alice n’est pas dimensionnée pour les lieux, elle se retrouve dans une situation assez inconfortable. Malgré l’aspect effrayant de ses aventures (qui dépassent le cadre d’un film pour enfants), Svankmajer respecte le principe de la fin heureuse et Alice réussit à s’en sortir.

Contrairement à l’héroïne de « La Malédiction des Whateley », un film à énigme avec une bonne dose d’épouvante, où on retrouve une scène similaire : Suzannah (Carol Lynley) retourne dans la maison familiale abandonnée et redécouvre au grenier, la maison de poupée avec laquelle elle jouait petite.

Ce jouet assez grand est une réplique simplifiée de la maison familiale.

Quand, au climax du film, Suzannah est poursuivie par un malotru qui cherche à la violer (joué avec conviction par Oliver Reed), elle s’y cache pour échapper à son agresseur.

Qui la trouve quand même et l’observe à travers la fenêtre, tel un géant qui fait penser à …

… King Kong le gorille colossal, quand il cherche à travers les fenêtres de New York, la fille dont il est tombé amoureux.
Pour Steve, Alice et Suzannah, la maison de poupée est devenue le symbole d’une enfance heureuse à jamais perdue et par extension, le seul endroit où échapper à un monde trop hostile car trop réel, pour être supportable.

« Hérédité », est un film d’horreur du talentueux Ari Aster, qui commence avec cette jolie vue d’une maison dans les arbres. La caméra recule très lentement, s’attardant à l’intérieur d’une maison qui deviendra le lieu d’un drame familial ahurissant, où les membres de la famille tombent dans le satanisme.

Voici l’atelier de la mère artiste qui confectionne des maisons de poupée. Plusieurs sont en cours de réalisation pendant que la caméra continue de tourner, décrivant l’établi et la table de travail, se dirigeant ensuite vers une maquette, réplique parfaite de la maison où habite la famille.

On assiste en quelque sorte à une vue de la maison dans la maison, pleine de détails, même si la maquette n’est pas encore terminée. La caméra approche de plus en plus de la chambre du fils, et …

… d’un coup, une personne entre dans la scène et on réalise qu’on n’est plus dans la maquette, mais dans la vraie chambre ! Une manière assez élégante de faire monter la tension et d’annoncer le fantastique qui va envahir la maison – et le film.

« Amityville Dollhouse » (1996), huitième de vingt-trois films (!) autour de la franchise d’une maison hantée qui a débuté en 1979 (et qui passe rapidement de médiocre à exécrable), pousse, faute de mieux, le principe de la maison de poupée maléfique à son paroxysme : le jouet, une fois de plus, prend la place de la vraie maison pour répandre l’horreur inévitable.

« Le Miniaturiste » est une mini-série télévisée en deux parties très peu connue, malgré ses qualités indéniables. Située à la fin du 17ème siècle dans la ville d’Amsterdam, elle pivote autour d’une étrange maison de poupée – un cadeau d’un mari souvent en voyage, pour occuper sa jeune épouse délaissée, interprétée par Anya Taylor-Joy.

Ce jouet est agencé dans un meuble cabinet avec neuf compartiments identiques, visibles à l’arrière-plan de l’image. On quitte alors l’image classique de la maison de poupée pour un modèle plus abstrait.1
1Il faut attendre 2023 et le film « Barbie » de Greta Gerwig pour voir un modèle de maison de poupée doté d’une architecture contemporaine – mais ça, c’est une autre histoire, à suivre la semaine prochaine sur ce site.

Chaque compartiment est la réplique d’une pièce de la maison dans laquelle habite la jeune épouse, avec le même mobilier en miniature. Le jeune femme sera ensuite amenée à découvrir, à travers ce jouet, les secrets que cache la maison et qui pèsent sur la famille. La maison de poupée acquiert alors une connotation mystérieuse et énigmatique, en plus d’être le double de la maison qu’elle représente.
Ainsi, loin d’être un jouet inoffensif, la maison de poupée devient – au cinéma en tout cas – un lieu chargé d’un message plus profond. Elle représente, au même titre que la maquette chez les architectes, la « vraie » maison et concentre et amplifie les aspirations et – encore plus souvent – le besoin de refuge de ses habitants.
THE INCREDIBLE SHRINKING MAN (L’homme qui rétrécit) 1957 Jack Arnold
NECO Z ALENKY (Alice) 1985 Jan Jan Švankmajer
THE SHUTTERED ROOM (La malédiction des Whateley) 1967 David Greene
KING KONG 1933 Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack
HEREDITY (Hérédité) 2018 Ari Aster
AMITYVILLE DOLLHOUSE 1996 Steve White
MINIATURIST (Le Miniaturiste) 2017 Guillem Morales
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