Introduction à « Glass House » – un film rêvé de S. M. Eisenstein
Dans l’architecture, les vitrages permettent à une construction de laisser passer la lumière et la vue, tout en préservant l’occupant des intempéries.
Si les fenêtres sont par définition transparentes, le verre est aussi une matière, avec une épaisseur et une surface, qui réfléchit la lumière.

On peut voir en même temps ce qui est au-delà de la vitre et ce qui y est réfléchi. Dans « Playtime », Hulot croit voir son ami dans le bâtiment d’en face et s’apprête à le rejoindre. Or, il s’agit seulement du reflet de son ami, qui se trouve à côté de lui, caché du spectateur (qui est trompé aussi) par un paravent métallique.

La réflexion crée une superposition de deux images et permet de montrer simultanément action (Jean-Paul Belmondo approche) et réaction (Christine Kaufmann est contente de le découvrir) dans « Un nommé La Rocca ».

La lumière et les ombres projettent des reflets sur les vitrages et créent ainsi des filtres qui réduisent la transparence. Le metteur en scène peut ainsi perturber la vue sur ses personnages.

1971 Damiano Damiani
Ou brouiller consciemment des pistes : est-ce que le personnage est dans le bâtiment ou dehors ?

Dans des scènes de suspens, on observe fréquemment le dédoublement du visage à travers le reflet d’un vitrage.

Le reflet peut renseigner le spectateur sur l’état d’esprit du personnage : Lee Remick, rêveuse, a la tête dans les nuages.

Les vitrages sont des reflets d’une réalité qui fusionne le monde intérieur et extérieur.
Les films sont des reflets d’une réalité avérée ou imaginée.
On comprend alors mieux pourquoi le cinéaste visionnaire S. M. Eisenstein a été pendant des années obsédé par la réalisation d’un film situé dans une tour d’habitation … entièrement vitrée !
(à suivre)