THE ARISTOCATS (Aristochats) 1970 Wolfgang Reithermann
RATATOUILLE 2007 Brad Bird
Dessine-moi … la tour Eiffel ! (1)
Si les dessins animés puisent souvent dans l’imaginaire, ils représentent aussi fréquemment la réalité et des lieux existants. Voici donc deux films d’animation américains, produits par l’omniprésent empire Disney, où la tour Eiffel est esquissée.
Au fil de sa production, le géant Disney a représenté à plusieurs reprises la capitale de la France, notamment dans sa version du « Bossu de Notre-Dame » (1996), où, sans surprise, la tour Eiffel n’apparaît pas. (D’autres produits Disney, situés également à Paris comme « Anastasia » en 1997 ne méritent pas non plus qu’on s’y attarde.)

En 1970, « Les Aristochats » a aussi comme toile de fond la ville de Paris, et inévitablement, le film montre la tour Eiffel pendant le générique du début.
« Les Aristochats » fait partie des grands classiques de l’âge d’or de Disney, dirigé par le prolifique Wolfgang Reithermann, qui intègre l’équipe en 1933 tout en bas de l’échelle comme dessinateur et deviendra, au fil des ans, chef animateur et metteur en scène : notamment pour « Les 101 Dalmatiens » (1963), « Le Livre de la jungle » (1967) et « Robin des Bois » (1973). Il fait partie des Nine Old Men, les piliers créatifs de l’empire Disney.

Les films de cette période sont caractérisés par un coup de crayon dynamique et expressif, qui rend les animaux et les humains très vivants, plus proches de l’esquisse créative que du dessin abouti au trait lisse et parfait.

Les arrière-plans sont constitués d’aquarelles somptueuses regorgeant de détails, réalisées avec une liberté impressionniste qui apporte un charme très particulier.

La tour Eiffel n’est vue que de loin, réduite à une silhouette décorative, cliché habituel de carte postale qui représente toujours la ville de Paris …

… mais surtout, elle offre un cadre poétique à la romance qui se noue entre les chats Duchesse et Tom O’Malley.

Cette perception classique de la tour n’évolue pas vraiment avec « Ratatouille » (2007), produit en 3D par Pixar, studio acquis à partir de 1991 par le géant Disney, pour maîtriser son concurrent innovant et inspiré, passé maître dans l’art du dessin informatique.
La tour, toujours plongée dans les nuances roses-rouges du soleil couchant devient ici métaphore de la réussite de Rémy le rat, devenu top chef à Paris (trois ans avant l’apparition d’Instagram, qui engendrera une multiplication exponentielle de ce genre d’images de rêve).

Pourtant, la première apparition de la tour Eiffel se singularise grâce à une idée astucieuse : le monument est posé de manière surdimensionnée sur un globe terrestre lors d’une émission de télévision, affirmant que les meilleurs chefs cuisiniers se trouvent à Paris.

Cette mise en scène rappelle immédiatement le logo de la société RKO-Picture, qui a produit entre 1928 et 1956 de nombreux films, et atteste du goût de Pixar pour l’histoire du cinéma et de sa culture si on en croit les citations de nombreuses références (notamment dans la série « Toy Story », 1995-2019). Mais c’est l’unique clin d’œil dans ce film, qui se contente par ailleurs de répéter les codes usuels du label Disney.
L’arrivée à Paris de Rémy, qui vient de la campagne, commence par une longue course-poursuite à travers les égouts. Séparé de sa famille, il se retrouve loin de chez lui dans une ville qu’il ne connaît pas.

Grimpé sur le toit d’une maison, il découvre – surprise ! – qu’il est à Paris (la tour Eiffel ne lui laisse aucun doute) !

Le passage du crayon au dessin numérique donne une toute autre ambiance graphique à la vue, mais la tour reste le symbole par excellence pour identifier la ville et évoquer une image idéalisée de sa silhouette.

« Quelle meilleure place pour rêver que Paris ? » se demande Rémy, avant de s’endormir.
THE ARISTOCATS (Aristochats) 1970 Wolfgang Reithermann
RATATOUILLE 2007 Brad Bird
Une réflexion sur “36 vues de la Tour Eiffel 25/36”