Selon Martin Scorsese, « le cinéma est une question de ce qui est dans le cadre et de ce qui en sort. »¹

Dans la composition d’un film, le cadre délimite le champ de vision du spectateur. Il définit ce que le cinéaste veut montrer – ou ne pas montrer – au spectateur.

Le cadrage est comme une fenêtre, qui dirige le regard du spectateur, ce dernier devenant l’observateur de l’action proposée.

La fenêtre reproduit ce phénomène de cadrage depuis l’intérieur de la maison : elle ouvre la vue sur sur un paysage, une rue, un évènement. La forme et la position des fenêtres sont donc primordiales pour voir (ou ne pas voir) se qui se passe dehors.

Car on regarde plus souvent dehors (depuis l’intérieur) que dedans (depuis l’extérieur). L’image de l’acteur / actrice qui regarde, observe, admire, fixe, craint, … à travers la fenêtre est un motif très récurrent au cinéma (-> Regards de femmes).

La personne qui regarde se retrouve dans un double cadre : celui de la fenêtre et celui, plus grand, de l’image.

Ce dédoublement renforce une notion importante, indissociable du cinéma : celle du voyeur – celui qui regarde, qui observe, qui scrute, ne voit pas seulement ce qui se passe, mais souvent aussi ce qu’il ne devrait pas voir.

Au cinéaste alors de décider, s’il donne aussi à voir au spectateur le contrechamp ² pour montrer au spectateur ce qu’a vu le personnage.

Le spectateur qui imagine souvent entrer dans la peau du personnage et voir l’histoire à travers lui, n’est finalement que l’otage du réalisateur qui décide bel et bien, tel un Dieu omnipotent, de la direction que son regard va suivre, et de ce qu’il va lui montrer… ou pas !

¹ « Cinema is a matter of what’s in the frame and what’s not.”

² champ – contrechamp = filmer une prise sous un angle, puis couper la scène et filmer sous l’angle opposé à 180° pour montrer ce qui se trouve en face (en général pour filmer un personnage qui regarde, puis pour filmer ce qu’il voit de son point de vue).