Frank Lloyd Goldfinger

GOLDFINGER (1964) Guy Hamilton

La résidence du méchant dans « Goldfinger » combine des éléments d’architecture moderne et avant-gardiste, mais nous sommes loin des délires architecturaux déjà exprimés par Ken Adam, chef décorateur de la série, dans « Dr No » et celles à venir plus tard dans « On ne vit que deux fois » (1967), et « L’espion qui m’aimait » (1977).

Toutefois, la demeure du salaud vaut le détour :

Le venimeux Auric Goldfinger, joué avec une nonchalance inquiétante par l’allemand Gert Fröbe, se contente à première vue …

… d’une simple ferme américaine qui pastiche le style néocolonial1 au milieu de son haras dans le Kentucky aux Etats Unis – un décor construit de tout pièce, dans les extérieurs des studios Pinewood.

L’intérieur, bien plus intéressant, et qui tranche avec l’extérieur, doit beaucoup à Frank Lloyd Wright (encore lui), avec ses poutres obliques, ses grands vitraux inclinés et l’utilisation de la pierre et du bois.

Ken Adam a produit plus d’une dizaine de croquis1, avant d’aboutir à l’image finale ci-dessus, qui combine des accessoires équestres (parmi lesquels une grande roue de charrette accrochée au mur) avec des poutres obliques qui soutiennent la toiture, de grandes baies vitrées et des pans de murs en pierre apparente.

Une multitude d’éléments amovibles se déplient par la suite, pour dévoiler une gigantesque maquette de Fort Knox, dépôt des réserves d’or américaines et prochaine cible de Goldfinger.

Le haras proprement dit est situé en face de la maison néocoloniale. Il reprend à l’extérieur les mêmes matériaux et teintes (bois, pierre apparente) qu’à l’intérieur dans la grande salle. Encore une fois, Ken Adam pastiche avec finesse l’architecture de Wright en opposant deux grandes cheminées en pierre et un pignon en bois aveugle, à de très longues façades largement ouvertes, soutenues par de fines colonnes blanches.

Le croquis préparatoire exprime déjà le souci de prolonger la colonnade historisante de la villa (à gauche) par les potelets des auvents, afin de créer un ensemble cohérent, entre maison de maître classique et hangars modernes.

En choisissant le nom « Goldfinger » pour son méchant, Ian Fleming, l’auteur des romans de James Bond, lance une pique non-dissimulée à l’architecte Ernö Goldfinger (1902 – 1987), qui a été son voisin londonnien (voir aussi : Habiter comme James Bond). Pour Fleming, l’architecture moderne est synonyme de mauvais goût et de déclin. Et les films du super agent 007 confirment toujours cette image, attribuant aux méchants les maisons les plus modernes.

1 style néo-classique de conception nationaliste aux États-Unis et au Canada, cherchant à raviver les éléments du style architectural, de la conception des jardins et du design intérieur de l’architecture coloniale américaine.

2les dessins de Ken Adam sont propriété de la Deutsche Kinemathek / Ken Adam Archiv

GOLDFINGER (1964) Guy Hamilton

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