Dans de beaux draps

THE THREE MUSKETEERS (Les trois Mousquetaires) 1973 Richard Lester

Entre 1973 et 1989, Richard Lester consacre trois films aux aventures de d’Artagnan, héros indémodable d’Alexandre Dumas. Cette petite série de films anglais a été essentiellement tournée en Espagne.

Le spectateur français se trouve alors quelque peu dépaysé (pour ne pas dire irrité) de découvrir, entre autres, le palais royal d’Aranjuez au Sud de Madrid, à la place du Louvre, résidence de Louis XIII ! (Et que les mousquetaires s’expriment en anglais, si on regarde la version originale sous-titrée.)

Quoi qu’il en soit, et même s’il faut admettre notamment que les séquences burlesques ont mal vieilli (comme les coiffures des dames), le film impressionne par sa distribution (Oliver Reed, Michael York, Faye Dunaway, Raquel Welsh, Christopher Lee, Charlton Heston, …) et par quelques morceaux de bravoure, comme la bagarre, qui se déroule dans un couvent.

À son arrivé à Paris, le jeune et fougueux d’Artagnan (Michael York), ne perd pas de temps pour offenser les trois mousquetaires : Athos (Oliver Reed), Porthos (Frank Finlay) et Aramis (Richard Chamberlain). Il doit se mesurer à chacun d’eux lors d’un duel à la rapière dans la cour d’un couvent.

La scène a été filmée dans le cloître de l’hôpital de Tavera à Tolède (devenu entre-temps musée d’art), construit entre 1540 et 1603 par Alonso de Covarrubias, puis achevé par Bartolomé Bustamante.

Surpris par les soldats du roi, d’Artagnan se lie aux trois mousquetaires pour éviter l’emprisonnement (les duels sont interdits sous le règne de Louis XIII).

Pour la scène de combat, Richard Lester profite de la beauté et de la symétrie parfaite des lieux et anticipe les tableaux qui feront la célébrité de Peter Greenaway, réalisateur et artiste britannique, dix ans plus tard.

Et il ajoute un élément insolite en installant de grands draps blancs qui traversent la cour en formant une croix depuis les angles jusqu’à la fontaine centrale.

Le dispositif découpe l’espace en quatre triangles égaux qui rendent le combat visuellement beaucoup plus intéressant et surprenant. La souplesse des tissus qui ondulent et se déforment avec le vent et les mouvements des combattants ajoutent une note fantastique à la scène. Le linge peut cacher l’adversaire, les cordes servir de tremplin pour des cascades.

En ajoutant un détail très ordinaire (il faut bien étendre le linge quelque part), Lester et son directeur artistique Brian Eatwell créent ainsi une architecture éphémère qui confère à cette scène de combat une dimension à la fois belle et irréelle.

THE THREE MUSKETEERS (Les trois Mousquetaires) 1973 Richard Lester

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