Joaquin Phoenix à Gotham City

JOKER 2019 Todd Phillips

Dérivé de l’univers Batman des DC Comics, le Joker de Todd Phillips est par son approche très sombre, plus proche du portrait d’un serial killer à la manière de « Henry » de John McNaughton, de « Driller Killer » d’Abel Ferrara ou des justiciers de John Flynn (« Rolling Thunder ») et Martin Scorsese (« Taxi Driver »).

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La reconstitution de New York – pardon, Gotham City, des années 70 est remarquable – la première séquence de poursuite à pied fait penser à des films de Sydney Lumet (« Serpico » / « Dog Day Afternoon ») ou d’Alan J. Pakula (« Klute » / « The Parallax View »).

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Ce n’est définitivement pas New York, puisqu’il n’y pas les tours jumelles du World Trade Center.

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L’élément architectural le plus remarquable est un escalier que l’infortuné Arthur Fleck (le toujours impressionnant Joaquim Phoenix) doit monter chaque soir pour arriver à son appartement. 

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Le film montre à plusieurs reprises sa lente ascension qui semble sans fin, et souligne ainsi les déceptions et humiliations de notre protagoniste. 

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L’escalier comme fardeau et symbole de désespoir se trouve déjà dans les films muets. Dans « Der müde Tod » de Fritz Lang, un escalier monumental est le lieu du drame, …

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… mais aussi le chemin inévitable qui mène vers la mort (symbolique et littérale). 

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Dans « Joker », ce même escalier va acquérir une symbolique très différente quand Fleck devient le Joker. Rempli d’assurance, grâce aux meurtres atroces qu’il a commis, on le voit pour la première fois descendre l’escalier. L’escalier d’oppression et devenu un escalier de représentation.

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Le Joker ne marche pas, il saute, il danse, il jubile (sur une chanson de Garry Glitter). Il est heureux : tout semble désormais possible !

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Pour un bref instant, il devient Gene Kelly (« Un Américain à Paris »), Fred Astaire (« Top Heat »), Yves Montand (« Trois places pour le 26 ») et descend comme eux vers son public. Après les innombrables montées fatigantes d’un « nobody », la descente d’une nouvelle star. 

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Cette exaltation féerique est stoppée net par l’apparition de deux flics. Le Joker doit s’enfuir et l’escalier change une nouvelle fois de symbolique et devient un élément essentiel de la poursuite. Les lignes de fuites des garde-corps et la composition de l’image en diagonale renforcent l’urgence de la situation et du danger immédiat. 

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Comme dans d’innombrables films d’action (ci-dessus à titre d’exemple « French Connection » de William Friedkin) où l’escalier est utilisé comme élément dramatique et dynamique. 

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La « vraie » montée du Joker, située à Highbridge dans le Bronx, à New York, relie les avenues Shakespeare et Anderson : elle est désormais devenue une attraction touristique … 

JOKER 2019 Todd Phillips

DER MÜDE TOD (Les trois lumières) 1921 Fritz Lang

UN AMERICAN IN PARIS 1952 Vincente Minnelli

FRENCH CONNECTION 1971 William Friedkin

Une réflexion sur “Joaquin Phoenix à Gotham City

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